Opérations Forestières

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S’inspirer des programmes de la pandémie pour compenser les pertes en forêt

12 juillet, 2023  par Guillaume Roy. Initiative de journalisme local


Le Bloc québécois demande au gouvernement fédéral de mettre en place un programme d’aide aux entrepreneurs forestiers similaire à ceux offerts pendant la pandémie pour limiter les pertes évaluées à 57,5 millions de dollars au Québec. Les mesures sont bien accueillies par les forestiers, mais ces derniers aimeraient avoir une compensation complète des pertes de revenu.

Remboursement des frais annuels de maintenance de 20 000 dollars, compensation du déductible de 50 000 dollars pour les machines brûlées, subventions salariales similaires à celles offertes pendant la pandémie pour faciliter la rétention de main-d’œuvre, garanties de prêts pour le remplacement de machines endommagées et programme temporaire de remboursement des frais fixes, telles sont les propositions présentées par le Bloc québécois au gouvernement fédéral pour venir en aide aux forestiers.

C’est Mario Simard, le député de Jonquière qui a fait la présentation détaillée des mesures, lors d’une conférence de presse à la marina de Roberval tenue en matinée mercredi. « Les entrepreneurs forestiers et sylvicoles représentent le maillon le plus à risque de l’industrie, a-t-il mentionné. Sans eux, tout le reste est à découvert ».

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Pour l’occasion, ce dernier était accompagné de son collègue, Alexis Brunelle-Duceppe, de plusieurs élus, d’entrepreneurs, de représentants syndicaux, et du chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet.

Selon ce dernier, les petites entreprises forestières n’ont pas les reins assez solides pour faire face à des interruptions prolongées, tout en continuant d’assumer les frais fixes. « Des mesures doivent être mises en place et on s’est inspiré de ce qui a été fait pendant la pandémie, parce ce que la pandémie a démontré que lorsque le gouvernement le veut, il est en mesure de déployer les ressources financières importantes ».

À la fin de la dernière session parlementaire, le Bloc québécois a interpellé le ministre des Ressources naturelles, Jonathan Wilkinson, en chambre et lors d’une rencontre, mais le gouvernement n’a pas encore présenté de mesures concrètes pour venir en aide aux entrepreneurs forestiers, déplore le chef du Bloc. « L’économie de la région et de toutes les régions forestières du Québec, et même d’ailleurs au Canada, qui pourraient être en péril », a-t-il ajouté, demandant à nouveau à Ottawa d’agir rapidement.

Le portrait de l’entrepreneur forestier

« On estime la perte de revenus entre le 5 et le 30 juin de 57,5 millions de dollars à l’échelle du Québec », a souligné Louis Dupuis, économiste forestier et consultant pour l’Association québécoise des entrepreneurs forestiers (AQEF). Au Saguenay-Lac-Saint-Jean, les pertes s’élèvent à 5,1 M$, alors qu’elles sont de 4,7 M$ et de 1,9 M$ en Abitibi-Témiscamingue, a-t-il présenté à titre d’exemple.

Ce dernier a également présenté le portrait type d’une entreprise forestière, qui réalise un chiffre d’affaires de 1,7 M$ en 42 semaines de travail, avec trois machines forestières. Les revenus hebdomadaires s’élèvent à 40 500 dollars alors que les frais fixes incompressibles sont de 25 200 dollars. Au printemps, l’entrepreneur moyen fait un arrêt annuel de quatre à huit semaines pendant la période de dégel, pendant lequel il réalise des investissements de 150 000 dollars pour l’entretien et la réparation.

« Plusieurs entrepreneurs n’avaient pas recommencé à travailler quand les feux se sont déclarés », a commenté Louis Dupuis. Ces derniers n’ont donc pas été en mesure de rembourser les frais encourus.

« On doit toujours être efficace à 100% pour arriver à un niveau de rentabilité », a pour sa part lancé Donald Fortin, entrepreneur forestier et membre fondateur de l’AQEF. « On a déjà perdu plusieurs entrepreneurs forestiers au cours des dernières années et il ne faudrait pas en perdre plus ».

Alain Paradis, le directeur général de la Coopérative forestière Petit-Paris abonde dans le même sens. « On travaillait déjà avec un manque de deux entrepreneurs », dit-il craignant que les impacts financiers de l’arrêt de travail provoqué par les feux forcent d’autres entreprises à fermer.

Selon Nicolas Dion, propriétaire de Forestiers Forco, croit que les gouvernements devraient verser les montants perdus aux entrepreneurs afin d’éviter l’hécatombe. « Je viens de racheter toutes les parts de mon entreprise et j’ai investi 150 000 dollars dans les réparations au printemps », dit-il, estimant qu’il n’a pas de marge de manœuvre. Pour arriver, il aimerait donc recevoir l’équivalent des 25 000 dollars de revenus par semaine qu’il aurait fait en temps normal.

Les entrepreneurs forestiers Robin Saint-Pierre et Nicolas Dion attendent encore plus des gouvernements

Robin Saint-Pierre, propriétaire d’Excavation Gaétan Girard et de Forestiers SGB, partage le même point de vue. L’homme qui a dévoilé au Quotidien qu’il perdait 180 000 dollars par semaine croit que le gouvernement doit en faire plus pour régler le problème. « Il ne faut pas juste patcher le trou, il faut prendre les grands moyens pour que les entreprises survivent, remarque l’homme qui a investi 1,2 M$ le printemps dernier. On veut juste récupérer ce qu’on a perdu, pas plus ».


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